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Index de l'article

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L'OEUVRE D'ABOU BAKR

1. L'expédition de l'armée d'Oussama Ibn Zaïd

Avant sa mort, le Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) avait décidé d'envoyer Oussama Ibn Zaïd à la tête d'une armée pour punir les tribus arabes situées aux confins de la Syrie, pour le soutien qu'elles avaient apporté aux Byzantins, lors de la bataille de "Mou'ta"1. Par la même occasion, Oussama vengerait les musulmans morts lors de cette bataille, parmi lesquels figurait son père, Zaïd Ibn Thâbit (Que Allah soit satisfait de lui).

Alors que l'on préparait l'expédition, le Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) était tombé malade puis mourut. L'expédition avait donc été retardée, le temps de l'instauration du nouveau pouvoir exécutif. Après son élection, la première décision d'Aboû Bakr (Que Allah soit satisfait de lui) fut la mise en œuvre de cette entreprise.

Mais voilà que certaines tribus qui avaient embrassé l'Islam, et dont la foi n'était pas solide, commencèrent à manifester des doutes et des signes d'abandon de certaines des prescriptions de l'Islam. Ils pensaient que la mort du Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) signifiait la fin de l'Islam! En plus, certains qui n'avaient pas saisi la sagesse de l'Islam dans les prescriptions se rapportant à la distribution de la richesse collective, mirent en doute la nécessité de tels commandements ! Ils ont considéré la zakât comme une forme de taxe que Mohammad (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) leur avait imposée à la manière des rois !

D'autres ont profité de la mort du Messager de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) pour prétendre à sa succession, et ont même proclamé qu'ils étaient eux-mêmes de nouveaux prophètes ! Parmi eux nous citons : Toulaïha Al.

La bataille de Mou'ta s'est déroulée au mois de Joumâdâ de l'an 8 de l'hégire.

Assdî, Al Asswad Al 'Anssî, Mousaïlima al Kadhdhâb ("Le menteur"), Sajjâj la Tamimite, etc.

C'est dans ce contexte de désordre qui réclamait que l'on prenne fermement en mains la direction de l'Etat, mais aussi que l'on continue à propager le message de Allah, pour reléguer à jamais l'associationisme (chirk), que le calife Aboû Bakr (Que Allah soit satisfait de lui) a décidé l'envoi de l'expédition d'Oussama.

Aboû Bakr se trouvait dans une situation difficile, mais il se devait, par amour envers le Messager de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) et parce qu'il était confiant dans la sagesse des décisions du Prophète, d'exécuter et de ratifier cette entreprise au risque de laisser la Mecque et Médine sans défense.

Certains Compagnons lui demandèrent d'annuler l'expédition; d'autres lui demandèrent de démettre Oussama de cette charge, prétextant en cela son jeune âge, car il n'avait, à ce moment-là, que 18 ans ! Ils voulaient qu'un autre plus âgé soit désigné, surtout qu'un nombre important des plus éminents Compagnons du Prophète, tels que 'Omar, se retrouvaient sous ses ordres. Mais Aboû Bakr leur répondit : "Je jure par Celui Qui détient mon âme dans Sa Main ! Même si je savais que les animaux sauvages allaient me charger et faire de moi leur proie (parce que Médine se retrouverait sans défense), je ratifierais l'envoi de l'armée d'Oussama !" Aboû Bakr dit à ceux qui voulaient qu'Oussama soit déchargé de cette responsabilité : "Quel droit ai-je, moi, de renvoyer un homme choisi par le Messager de Allah ? !" et il se fâcha contre 'Omar, allant jusqu'à lui tirer la barbe, et lui dit : "Que ta mère te perde ! Tu me demandes de congédier un homme que le Messager de Allah avait désigné !"

Aboû Bakr voulait, en maintenant cette décision, combattre ce sentiment de la période préislamique {al jâhiliyya) où l'on estimait les gens en fonction de leur âge, mais aussi de leur statut social. Rappelons que le père d'Oussama, Zaïd Ibn Hâritha (Que Allah soit satisfait d'eux deux), était un esclave que la mère des croyants Khadîja (Que Allah soit satisfait d'elle) avait offert au Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) après leur mariage. Le Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) l'affranchit et le traita comme son propre fils. D'où ce sentiment de mépris qui avait persisté dans l'esprit de certains Arabes, et qu'Aboû Bakr a voulu combattre en maintenant la décision du Messager de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui). Il confirma par là que la valeur des êtres humains avait une autre base que celle de la filiation, celle de la piété et du savoir-faire, comme l'a dit Allah Le Très Haut : "Le plus noble d'entre vous, auprès de Allah, est le plus pieux d'entre vous. Allah est Celui Qui sait et Qui est bien informé." (S49/V13).

Trois semaines après la mort du Messager de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui), l'expédition d'Oussama prit la route. Et c'est l'occasion de constater la modestie du calife Aboû Bakr :

- En premier lieu, il demanda la permission à Oussama, le chef de l'expédition, de pouvoir garder 'Omar Ibn Al Khattâb à ses côtés, pour lui demander conseil et s'appuyer sur lui dans les moments difficiles que connaissait la communauté ;

- Aboû Bakr accompagna l'armée jusqu'à la sortie de Médine : le jeune chef de l'armée était à cheval, et Aboû Bakr, tenant les rênes du cheval, allait à pied ! Oussama lui demanda : "0 successeur du Prophète de Allah ! Monte aussi sur un cheval, ou alors permets-moi de descendre !" Aboû Bakr lui dit : "Par Allah ! Je ne consentirai à accepter aucune de tes deux propositions ! En quoi cela peut-il me nuire si je me salis les pieds dans la poussière, si c'est pour la cause de Allah !" Puis il donna ces directives à l'armée : "Ne vous comportez pas en traîtres ! Ne mutilez pas (vos ennemis), ne tuez ni enfant, ni vieillard, ni femme. N'abattez pas et ne brûlez pas les palmeraies, ni les arbres fruitiers. Ne tuez ni mouton, ni vache et ni chameau, sauf pour vous nourrir. Vous allez passer près de gens qui se sont retirés du monde pour s'adonner à la retraite (des moines chrétiens) : laissez-les tranquilles à leur vocation...". Puis il leur dit : "...Partez au Nom de Allah !"

Oussama mena sa campagne, par la Volonté de Allah, avec succès. Il attaqua le pays des "Qoudâ'a" et leurs alliés. Il resta dans la région quarante jours. Cette victoire remplit de crainte les tribus qui avaient apostasie, et les personnes qui avaient cherché à semer la division entre les musulmans paniquèrent.

C'est dans ce contexte qu'Aboû Bakr (Que Allah soit satisfait de lui) va lancer les musulmans dans une série de batailles contre les apostats et les imposteurs (al moutanabbi'oûn). Ces guerres furent appelées Houroûb ar-ridda.

2. Les guerres contre les apostats {ahl ar-ridda}

La religion musulmane est, tout ensemble, un engagement spirituel et temporel, que les individus doivent chercher à développer et à sauvegarder, particulièrement en respectant les obligations formulées dans le message transmis par le Prophète de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui).

Ainsi la zakât, deuxième obligation de l'Islam, a été instituée par la Loi révélée, tout comme la prière. Allah Le Très Haut a dit: "Allah anéantira l'usure et fera fructifier l'aumône. Et Allah n'aime aucun pécheur ingrat ! Quant à ceux qui croient, font œuvres bonnes, accomplissent la prière et s'acquittent de la zakât, leur salaire est auprès de leur Seigneur !" (S2/V276-277).

La zakât est un des moyens qui mènent à la sincérité, laquelle permet de s'approcher du Tout-Puissant. Par ce don volontaire, on affirme le sens de sa foi en l'unicité de Allah, et on exprime que l'amour de l'Unique (Allah), dépasse tout autre amour, y compris l'amour des biens de ce bas-monde. La zakât est une purification de l'âme contre l'avarice, égocentrique par nature. Elle est aussi une contribution généreuse pour une justice sociale. Ce sont ces sens que Allah Le Très Haut a voulu inculquer aux gens par le biais de cette obligation religieuse, et c'est ce que certaines tribus n'ont pas compris, appelant la zakàt: itâwa (tribut, impôt) !

Pour sauvegarder l'intégrité de l'Etat et l'union des musul­mans, il était urgent de réagir avec fermeté face à ce danger.

Le Cheikh Dhahabî a rapporté que lorsque la nouvelle de la mort du Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) se répandit parmi les tribus, certains apostasièrent et refusèrent de verser la zakât ; alors Aboû Bakr prit la ferme décision de les combattre. 'Omar et d'autres Compagnons lui conseillèrent d'y renoncer ; il leur dit alors : "Par Allah, s'ils refusent de me remettre ne serait-ce qu'une jeune chamelle qu'ils avaient l'habitude de donner au Messager de Allah, je mènerai bataille contre eux pour qu'ils me la versent !" 'Omar lui dit :

"Comment peux-tu te battre contre ces gens, alors que le Messager de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) a dit : "II m'a été ordonné de me battre contre les gens jusqu'à ce qu'ils reconnaissent qu'il n'y a pas d'autre Allah que Allah Lui-même, et que Mohammad est Son Messager. Celui qui en aura attesté, ses biens et sa vie seront préservés, exception faite de ceux qui manquent à leurs devoirs, auquel cas c'est à Allah qu'il revient de les juger" ! ?" Aboû Bakr lui répondit :

"Vraiment, je me battrai contre tout individu qui fera une différence entre la prière et la z.akât ; car la zakât est un devoir auquel ils ont manqué dans leurs biens !" 'Omar dit : "C'est à ce moment que Allah ouvrit mon cœur à la vraie compréhension de ce problème, tel qu'il a guidé Aboû Bakr à le comprendre, et j'ai eu dès lors la certitude que cette décision était la vérité-même !" (Rapporté par BOUKHARI et MOUSLIM)

Aboû Bakr (Que Allah soit satisfait de lui) décida donc de punir les tribus qui avaient apostasie, et il sortit à la tête d'une armée, qu'il conduisit sur une distance de douze milles sur la route menant à Najd ; mais des Compagnons tels que 'Alî le supplièrent de revenir à Médine, lui rappelant que, pour la communauté, il était crucial qu'il reste sain et sauf. Alors il désigna Khâlid à la tête de l'armée, et lui ordonna de rappeler aux gens les cinq obligations de l'Islam, et de se battre contre tous ceux qui renieraient l'une d'entre elles, tout en acceptant le repentir de ceux qui reviendraient à l'Islam. Aboû Bakr donna les instructions suivantes à l'ensemble des combattants : "Je recommande aux soldats de Allah, la crainte de Allah dans toutes les circonstances, et l'obéissance à leurs émirs (commandants)."

Aboû Bakr (Que Allah soit satisfait de lui) a formé douze bataillons, et a désigné à la tête de chaque bataillon un "émir", à qui il a recommandé de faire appel aux musulmans des différentes tribus près desquelles ils allaient passer, tout en leur recommandant de laisser une partie de leurs cavaliers pour protéger leur famille. Voici la liste des différents commandants (émirs), et des régions vers lesquelles ils furent dépêchés :

- Khâlid Ibn Al Walîd (Que Allah soit satisfait de lui) a été envoyé pour combattre Talha Ibn Khouwaïlid Al Asdî à Bouzakha ; après avoir mené à bien cette mission, il devait marcher sur Mâlik Ibn Nouwaïra à Al Boutah ; - 'Ikrima (Que Allah soit satisfait de lui) a été envoyé pour combattre l'imposteur Mousaïlima Al Kadhdhâb ("Le menteur") ;

- Chourahbîl Ibn Hassana a été envoyé en renfort auprès de 'Ikrima, puis devait se diriger vers Qoudâ'a ;

- Al Mouhâjir Ibn Abî Oumayya a été envoyé au Yémen pour combattre Al Asswad Al 'Ansî ;

- Houdhaïfa Ibn Mihsân a été envoyé aux gens de Dabâ à Oman ;

- 'Arfaja Ibn Harmama alla en direction de la tribu de Mouhra, et devait rejoindre ensuite l'armée de Houdhaïfa ;

- Souwaïd Ibn Mouqârrim fut envoyé à Touhâma, au Yémen ;

- Al 'Alâ' Ibn Al Hadramî fut envoyé au Bahraïn ;

- Tarifa Ibn Hâjiz, envoyé chez les Banoû Soulaïm et Hawâzin;

- 'Amr Ibn Al 'Ass fut envoyé à Qoudâ'a ;

- Khâlid Ibn Sa'îd a été envoyé aux confins du Proche-Orient (Ach-Châni).

Le message d'Aboû Bakr (Que Allah soit satisfait de lui) aux apostats

Après avoir loué Allah, par les formules de reconnaissance qui Lui sont dues, et rappelé la mort de l'Envoyé de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui), il a dit :

"J'ai été informé de ce que certains d'entre vous ont rejeté l'Islam après y avoir adhéré. En vérité, ils se sont trompés vis-à-vis de Allah, ont agi avec ignorance et ont suivi le chemin du Diable. Allah

Le Très haut a dit : "Et lorsque Nous dîmes aux Anges : "Prosternez-vous devant Adam", ils s'exécutèrent tous, excepté Ibliss (Satan) qui faisait partie des djinns, et qui se révolta contre le commandement de Son Seigneur. Allez-vous cependant le prendre, ainsi que sa descendance, pour alliés en dehors de Moi, alors qu 'ils sont pour vous des ennemis ? ! Quel mauvais échange pour les injustes !" (S18/V50). Allah a dit aussi: "Le Diable est pour vous un ennemi (juré). Prenez-le donc pour ennemi ! Il ne fait qu'appeler ses partisans pour qu'ils soient des gens de la Fournaise !" (S35/V6). Je viens de vous envoyer Untel à la tête d'une armée composée des mouhâjiroûn et de ansâr, ainsi que de ceux qui les ont suivi sur le chemin de la Vérité ; et je lui ai ordonné de ne se battre contre personne, sans l'avoir appelé auparavant au chemin de Allah. Celui qui; répond à son appel, y souscrit, cesse (sa rébellion) et fait œuvre bonne, il doit l'accepter et l'aider à s'y maintenir ; quant à ceux qui s'y refusent, je lui ai donné l'ordre de leur mener bataille, de les tuer et de prendre en butin tous leurs biens.

"Celui qui le suivra, cela vaudra mieux pour lui ; quant à celui qui s'y refuse, qu'il ne se croit pas préserver du châtiment de Allah. Sachez que j'ai demandé à celui que je vous ai envoyé comme messager de vous rassembler tous en un lieu pour vous lire mon message, et de lancer l'appel à la prière (al adhân) : ceux qui y répondront en appelant à leur tour à la prière, il doit se retirer de chez eux, et accepter d'eux leur retour (à l'Islam)."

MousaiIima "al kadhdhâb" ("Le menteur")

Mousaïlima fut le plus rusé de tous les imposteurs qui ont prétendu à la prophétie. Il était de la région d'Al Yamâma. Il avait été reçu par le Messager de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) avec la délégation des Banoû Hanîfa. A son retour auprès des siens, il avait prétendu être le partenaire du prophète Mohammad (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) dans la prophétie. Il avait appelé son peuple, qui l'avait suivi ! Et il avait envoyé au Prophète de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) le message suivant :

"De Mousaïlima le messager de Allah, à Mohammad le Messager de Allah : voilà, j'ai été désigné pour m'associer à toi, il me revient ainsi qu'aux miens la moitié de la terre, et à Qouraïch l'autre moitié. Cependant la tribu de Qouraïch sont des gens transgresseurs !"

Le Prophète Mohammad (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) lui avait répondu :

" Au Nom de Allah, Le Très Clément par essence. Le Très Miséricordieux par excellence. De Mohammad le Messager de Allah à Mousaïlima le menteur : Que la paix soit sur celui qui suit la guidance. Sache que la terre appartient à Allah, qu'il la donne en héritage à celui qu'il veut d'entre Ses serviteurs, et qu'en vérité, la bonne fin est pour les pieux."

Après la mort du Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui), l'occasion se présenta à Mousaïlima. Il forma une grande armée. Il affronta l'armée d'une prophétesse chrétienne, du nom de Sajâh. Cette femme s'était indignée de ce que les prophètes étaient toujours des hommes. Elle avait pris la décision d'attaquer Médine à la tête d'une armée puissante. En route, elle avait rencontré Mousaïlima ; ce dernier voyant en elle une sérieuse concurrente, et sachant de plus qu'il ne pourrait pas la vaincre par les armes, s'était mis à la courtiser. Sajâh était tombée dans son piège et ils s'étaient mariés. Fort de sa nouvelle armée composée de 40 000 hommes, Mousaïlima avait entamé son épopée.

Le calife Aboû Bakr (Que Allah soit satisfait de lui) envoya 'Ikrima Ibn Abî Jahl pour le combattre, tout en lui recomman­dant d'attendre les renforts menés par Chourahbîl ; mais 'Ikrima s'était empressé d'attaquer Mousaïlima, l'attaque se soldant par la déroute totale des musulmans. Chourahbîl, qui avait appris la nouvelle en route, campa en attendant la décision du calife. Aboû Bakr envoya alors le message suivant à 'Ikrima :

"Je ne veux pas te voir rentrer à Médine, car tu risquerais d'entamer la ferveur des combattants engagés (ailleurs) !" Puis il lui ordonna de rejoindre Houdhaïfa et 'Arfaja, et de rejoindre ensuite Mouhajir Ibn Oumayya, pour mener campagne au Yémen puis à Hadramawt.

D'un autre côté, Aboû Bakr ordonna aussi à Chourahbîl d'attendre l'arrivée de Khâlid Ibn Al Walîd avec son armée. Khâlid mena la bataille contre Mousaïlima. Au début, l'armée musulmane subit un dur échec, et de nombreux Compagnons du Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) tombèrent comme martyrs dans cette bataille. Nous citons :

Sâlim, Aboû Houdaïfa, Zaïd Ibn Al Khattâb, Choujâ' Ibn Wahb', 'Abd-Allâh Ibn Sahl, Mâlik Ibn 'Amr, Toufaïl Ibn 'Amr Ad-Doussî, Yazîd Ibn Qaïss, 'Amir Ibn Al Bakîr, Aboû Doujâna Sammâq Ibn Harb, Tâbit Ibn Qaïss Ibn Chammâss, etc. Soixante-dix parmi les plus éminents houffâd (ceux qui mémori­saient tout le Coran) sont morts (Paix à leur âme).

Khâlid Ibn Walîd (Que Allah soit satisfait de lui) changea alors de tactique pour défaire Mousaïlima. Par une attaque surprise, il changea le court de la bataille. Mousaïlima s'enfuit avec quelques-uns de ses lieutenants ; ils se réfugièrent dans un jardin fortifié. Mais les musulmans réussirent à y entrer, en lançant un des leurs par-dessus la muraille, et qui réussit à leur ouvrir la porte. Mousaïlima fut tué, ainsi que ses compagnons.

II faut s'arrêter ici un moment, pour souligner que la lance qui tua Mousaïlima le menteur fut la même que celle qui avait tué Hamza, l'oncle du Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui), lors de la bataille d'Ouhoud, au mois de Chawwâl, en l'an 3 de l'Hégire. Le combattant, dans les deux cas, était Wahchî, un esclave appartenant à Hind qui, avant de se convertir à l'Islam, était, ainsi que son mari Aboû Soufyân, parmi les plus grands opposants au message de l'Islam. Pour venger la mort de son père et de son frère, tués lors de la bataille de Badr au mois de Ramadan, 19 mois après l'Hégire, Hind avait promis à Wahchî qu'elle l'affranchirait s'il tuait Hamza, et c'est ce qu'il fit.

Après la prise de la Mecque, Wahchî s'était converti à l'Islam; le Messager de Allah avait accepté sa conversion, car l'Islam efface tous les péchés commis précédemment par la personne alors qu'elle était encore dans l'incroyance ; mais le Prophète (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) lui avait simplement demandé de ne pas se présenter devant lui, car il lui rappelait trop la mort atroce de son oncle, qui avait été éventré juste après !

Wahchî participa donc, avec les musulmans, à la guerre contre l'imposteur Mousaïlima, et il réussit à le tuer de sa lance ; il remercia alors Allah de lui avoir accordé cette faveur, qui lui permettait de diminuer l'ampleur de ce qu'il ressentait comme une lourde faute.

Le Messager de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) a dit : "Les seigneurs des martyrs sont : Hamza Ibn 'Abd-Al Mouttalib, et tout homme qui, pour avoir dit une parole de vérité en présence d'un roi injuste, a été tué !" (Rapporté par AHMAD, NASSA'I et IBN MAJJAH)

Par l'élimination de Mousaïlima et de son mouvement, les musulmans ont marqué un coup d'une grande importance sur le plan stratégique, mais aussi sur le plan psychologique, que ce soit auprès des musulmans, ou sur les différents mouvements de soulèvement !

Ils remportèrent non sans peine toutes les batailles contre le mouvement des apostats {al mourtaddîne), et cela eut une conséquence directe : le raffermissement des bases de l'Etat dont le prestige fut instauré à jamais, par l'Aide de Allah et Son Appui!

Dans ses batailles, Khâlid Ibn Al Walîd (Que Allah soit satisfait de lui), que le Messager de Allah (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui) avait surnommé "saïf Allah al masIoûF (l'épée de Allah tirée de son fourreau), a joué un rôle prédominant. Il a anéanti le mouvement de Toulaïha Al Assdî à Najd. Ce dernier avait prétendu recevoir la visite de l'ange Gabriel (Paix sur lui) à l'instar du Prophète Mohammad, et avait inventé certaines pratiques cultuelles pour marquer son indépendance vis-à-vis du message de l'Islam. Il avait été suivi par les tribus de Ghatafân, de 'Aïss, de Dhibyân, les Banoû Fazâra et les Banoû Assad. Khâlid les battit, et Toulaïha s'enfuit en Syrie; ensuite il se repentit. Khâlid (Que Allah soit satisfait de lui) se dirigea ensuite vers les Banoû 'Amir, dont le pays s'étendait de l'Est de Médine jusqu'au Golfe arabique : là, Mâlik Ibn Nouwaï-ra se refusait à envoyer la zakât ; Khâlid le tua. De là, il alla chez les Banoû Tamîm, auprès desquels était apparue Sajâh, qu'il avait battue précédemment. Elle se repentit, et retourna à l'Islam.

Puis, comme nous l'avons raconté plus haut, il élimina Mousaïlima qui s'était donné le titre de "Rahmân Al Yamâma" (Le miséricordieux d'Aï Yamâma) !

Khâlid (Que Allah soit satisfait de lui) se dirigea ensuite vers le Bahraïn, où Al Houtaïm, le chef de la tribu des Banoû Bakr, avait prétendu à la prophétie, et s'était fait appelé "Rahmân Al Yaman" (le miséricordieux du Yémen), du vivant même du Prophète Mohammad (Que la Bénédiction et le Salut de Allah soient sur lui).

 

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