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Kitâb Al-Fawâ’id Par l’imam Ibn Al-Qayyim Al-Jawziyyah part1

 

Explication de la parole d’Allah   « C’est Lui qui vous a soumis la terre »

Allah ta’ala dit :

« C’est Lui qui vous a soumis la terre, parcourrez donc ses étendues et mangez de ce qu’Il vous attribue. Et vers Lui se fera le retour. »

(Sourate Al Mulk verset 15).

Allah ta’ala nous informe qu’Il a soumis la terre afin qu’elle puisse être foulée, creusée, semée et préparée pour la construction, et Il ne la pas rendue difficile et inaccessible pour celui qui veut en tirer profit. Allah ta’ala nous informe qu’Il en a fait un berceau, un lit, un tapis, et un lieu de repos assez vaste pour tous. Il l’a étendue, étalée, Il a fait jaillir son eau et ses champs, Il l’a ancrée par les montagnes, Il y a tracé des cols dans les montagnes et des routes, Il y a fait couler des rivières et des sources, Il l’a bénie, et y a placé avec mesure ses ressources alimentaires.

La terre est bénie à divers égards :

$1      Tous les animaux, leur subsistance et nourriture sortent d’elle.

$1      Elle supporte en surface les souillures des hommes et fait sortir de son sein les choses les meilleures et les plus utiles. Elle dissimule aux yeux de l’homme tout ce qui est laid et fait sortir pour lui tout ce qui est beau.

$1      On y jette quelques graines et elle fait alors pousser des récoltes en grandes quantités.

$1      Elle cache les souillures du serviteur et les déchets de son corps. Elle le préserve, l’abrite, et fait sortir sa nourriture et sa boisson. Elle est la chose qui supporte le plus les nuisances et procure en contrepartie le plus de bienfaits. Il n’y a rien de meilleur, de plus dénué de désagréments et de plus proche du bien que la terre.

Allah ta’ala a fait que la terre est pour nous comme le chameau obéissant qui va là ou on lui dit d’aller.

Lorsqu’Allah nous décrit la terre et nous a informés qu’elle était soumise, Il a judicieusement désigné ses routes et ses cols par le terme  « Manâkib »[1]. C’est à dire que l’on parcourt la terre en foulant ses Manâkib qui désignent les plus hauts points, c’est pour cette raison que cela a été interprété par les montagnes, de la même manière que pour l’homme « Manâkib » désigne ses épaules.

Les savants ont dit : cela montre que marcher sur les étendues plates est plus aisés.

Un groupe d’entre eux a dit : au contraire Manâkib désigne les côtés et les directions, de la même manière qu’en arabe les flancs d’une personne sont nommés Manâkib.

Ce qui parait le plus correct est que Manâkib désigne les hauteurs, car les êtres vivants parcourent les hauteurs de la terre et non ses profondeurs. La surface du globe est sa partie la plus haute, or on ne peut marcher que sur la surface. C’est pour cela qu’on l’a nommée Manâkib après que la terre a été décrite comme étant soumise.

Puis Allah leur a ordonné de consommer la subsistance qu’Il a placée sur terre. Il l’a soumise et nivelée pour eux, Il y a tracé des chemins et des routes qu’ils parcourent, et y a placé leur subsistance. Il a également rappelé comment leur lieu de résidence a été préparé afin qu’ils puissent en tirer profit, afin de voyager et de revenir, et consommer les subsistances qu’Allah ta’ala y a placées pour ses habitants.

Puis Allah attire notre attention en disant  « vers Lui se fera le retour » sur le fait que nous ne sommes pas des résidents permanents dans ces demeures, nous ne sommes que des voyageurs. C’est pourquoi il ne faut pas considérer la terre comme une patrie et une demeure permanente. Nous n’y sommes entrés que pour faire des provisions pour la demeure éternelle. Cette terre est un lieu de passage et non un lieu d’allégresse, un simple lieu de transit et de passage, et non une patrie ou une demeure fixe.

Ce verset comprend une preuve de la Seigneurie d’Allah, Son unicité, Son pouvoir, Sa sagesse et Sa douceur, un rappel de Ses bienfaits et Sa bonté. Il comprend également un avertissement contre le fait de se reposer sur ce monde et de le prendre comme patrie et demeure permanente. Au contraire nous devons nous presser de le traverser pour parvenir à la demeure éternelle d’Allah et Son paradis.

Par Allah ! Combien sont nombreux les enseignements de ce verset nous permettant de connaitre Allah et Son unicité, nous rappelant Ses bienfaits, nous encourageant à nous diriger vers Lui, nous préparer à Sa rencontre et à nous présenter devant Lui. Ce verset nous informe également qu’Allah pliera ce monde comme s’il n’avait jamais existé et qu’Il fera revivre ses habitants après les avoir fait mourir et c’est vers Lui que se fera le retour.

La plénitude et le succès du serviteur à la lumière de la sourate Al Fâtihah

 

L’homme a deux forces : une force cognitive[2] et théorique et une force pratique et intentionnelle. La plénitude de son succès dépend de la perfection de ses deux forces cognitive et intentionnelle.

La perfection de la force cognitive est atteinte par la connaissance de son créateur (Khâliq) et Initiateur (Bârî) , Ses noms et attributs , du chemin menant à Lui , mais également par la connaissance des obstacles jonchant ce chemin , de sa propre personne et de ses défauts . C’est par ces cinq formes de connaissances que l’on parvient à la perfection de la force cognitive. L’homme le plus savant sera celui qui aura le plus de connaissance et la meilleure compréhension à ce sujet.

La perfection de la force pratique et intentionnelle n’est atteinte que par la préservation des droits qu’Allah ta’ala a sur Son serviteur et leur pratique en Lui vouant un culte exclusif, avec véracité, sincérité, bienfaisance, assiduité, en reconnaissant les bienfaits dont Allah ta’ala le comble et ses manquements dans l’acquittement de Ses droits. Le serviteur est gêné de présenter de tels actes, car il sait qu’ils sont bien en deçà de ce qu’Il mérite et qu’il ne peut atteindre la perfection de ces deux forces que par Son aide. Il éprouve le plus grand besoin qu’Allah ta’ala le mène au chemin droit, vers lequel Il a guidés Ses alliés et Ses élites. Il a aussi besoin qu’Il lui évite de sortir de ce chemin par une perversion de sa force cognitive qui le ferait tomber dans l’égarement, ou une perversion de sa force pratique qui lui ferait encourir la colère d’Allah.

L’homme ne peut atteindre la perfection et le succès que par la combinaison de ces choses qui sont comprises dans la sourate Al Fâtihah et organisés de la manière la plus parfaite :

Sa parole :

« Louange à Allah, Seigneur de l’univers. Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, Maître du jour de la rétribution. »

(Sourate al Fâtihah verset 2-4)

Comprend le premier fondement qu’est la connaissance du Seigneur, de Ses attributs et de Ses actes. Les noms d’Allah cités dans cette sourate sont la base des noms magnifiques d’Allah : Allah le Seigneur (Ar Rabb) et le Tout Miséricordieux (Ar Rahmân).

$1      Allah comprend l’attribut de divinité

$1      Le Seigneur comprend l’attribut de seigneurie

$1      Le Tout Miséricordieux comprend les attributs de bienfaisance, générosité et bonté.

Et les sens de tous les noms d’Allah gravitent autour de cela.

Sa parole :

« C’est Toi Seul que nous adorons, et c’est Toi Seul dont nous implorons le secoure »

(Sourate al Fâtihah verset 5).

Comprend la connaissance du chemin menant à Lui, et cette connaissance n’est autre que l’adoration qu’il faut Lui vouer Seul à travers les œuvres qu’Il aime et agrée, et la demande de Son aide pour pouvoir L’adorer .

Sa parole :

« Guide-nous vers la voie droite »

(Sourate al Fâtihah verset 6)

Comprend la clarification du fait que l’homme ne peut atteindre le succès qu’en restant sur cette voie droite, et qu’il ne peut rester sur cette voie que par la droiture que lui accorde son Seigneur, de la même façon qu’il ne peut L’adorer sans Son aide. On ne peut rester sur la voie droite qu’en étant guidé par Allah ta’ala.

Sa parole :

« Le chemin de ceux que Tu as comblés de Tes faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés. »

(Sourate al Fâtihah verset 7)

Comprend l’exposition des deux cas extrêmes de déviation de la voie droite. Tendre vers l’une de ces extrémités est soit une déviation vers l’égarement qui est une perversion de la science et de la croyance, soit une déviation vers l’autre extrémité qui est la colère d’Allah causée par la perversion de l’objectif et de l’œuvre.

Le début de la sourate est une miséricorde, son milieu une rectitude et sa fin un bienfait.

Le serviteur obtient une part de bienfaits proportionnelle à sa part de droiture, elle même proportionnelle à sa part de miséricorde. Tout revient donc au bienfait d’Allah et à sa miséricorde qui sont une conséquence de Sa seigneurie. Ainsi, Il ne peut être que Miséricordieux et Bienfaisant. C’est également une conséquence de Sa divinité, car Il est la vraie divinité, même si certains Le renient et que les polythéistes Lui attribuent des égaux.

Celui qui applique ce que contient la sourate Al Fâtihah tant en terme de science, de connaissance, d’œuvre que des situations vécues, aura accédé à une grande part de la perfection à laquelle il aspire, et son adoration sera celle de l’élite dont le rang s’est surélevé par rapport au commun des adorateurs. Et c’est auprès d’Allah que recherchons l’aide.

Le trône et le cœur

 

La créature la plus pure, éminente, lumineuse, noble, élevée tant en essence qu’en importance et la plus vaste d’entre toutes les créatures est le Trône du Tout Miséricordieux. Et c’est parce qu’il présente toutes ces caractéristiques qu’Allah ta’ala S’est établi dessus.

Plus une chose est proche du Trône, plus elle est lumineuse, pure et noble, et inversement. C’est pour cela que les jardins du Firdaws sont les jardins les plus élevés du paradis. Ils sont les plus nobles, les plus lumineux et les plus majestueux, en raison de leur proximité avec le Trône qui en est le plafond.

Plus une chose est éloignée du Trône, plus elle est sombre et étroite. C’est pour cela que le plus bas degré de l’enfer (Asfal as Sâfilîn) est le pire des lieux, le plus étroit et le plus éloigné de tout bien.

Allah ta’ala a créé les cœurs et en a fait le lieu de Sa connaissance, de Son amour et de Sa volonté. Ils sont donc le Trône des attributs de perfection que sont Sa connaissance, Son amour et Sa volonté. Allah ta’ala dit :

« A ceux qui ne croient pas en l’au delà reviennent les attributs d’imperfection qu’ils attribuent à Allah. Tandis qu’à Allah Seul reviennent les attributs de perfection. Et c’est Lui le Tout Puissant, le Sage. »

(Sourate An Nahl verset 60).

Et c’est Lui qui forme la création une première fois, puis la refait, et cela est plus facile encore pour Lui. Il possède tous les attributs de perfection dans les cieux et sur la terre.

« C’est Lui le Tout Puissant, le Sage »

(Sourate Ar Rûm verset 27).

« Il n’y a rien qui Lui ressemble, et c’est Lui qui entend et voit tout »

(Sourate As Shûra’ verset 11).

Cela fait partie des attributs de perfection, perfection qui est établie sur le cœur du croyant et dont ce cœur est le trône.

Si le cœur n’est pas la plus saine des choses, la plus pure et la plus éloignée de toute souillure et impureté, il ne convient pas aux attributs de perfection que sont la science, l’amour et la volonté de s’y établir. Ce sont plutôt les considérations bassement matérielles qui s’y établissent. Elles seront aimées par le serviteur, désirées et il s’y attachera. Son cœur sera alors à l’étroit, s’assombrira, et s’éloignera de la perfection et de la réussite.

Ainsi, les cœurs sont de deux types :

$1      Un cœur qui est le trône du Tout Miséricordieux, empli de lumière, de vie, de joie, de gaieté, de bonheur et de trésors de bien.

$1      Un cœur qui est le trône du diable, étroit, empli de ténèbres, de mort, de tristesse, de soucis, et d’angoisses. Il s’attriste ainsi pour le passé, s’angoisse pour le futur et se fait du souci pour le présent.

At Tirmidhî et d’autres rapportent que le Prophète sallallahu ‘alayhi wa sallam a dit : « Lorsque la lumière pénètre le cœur, celui ci s’élargit et s’épanouit. Les compagnons demandèrent : Quels en sont les signes ?? Il dit : Revenir vers la demeure éternelle (l’au delà), s’éloigner de la demeure d’illusions (la vie d’ici bas), et se préparer pour la mort avant qu’elle n’arrive. »[3].

La lumière qui pénètre le cœur vient des attributs de perfection, c’est pourquoi le cœur s’élargit et s’épanouit. Mais si ce cœur ne contient ni connaissance ni amour d’Allah, il n’obtient que ténèbres et étroitesse.

Méditer sur les messages du Coran

 

Médite sur le message du Coran, tu y verras un Roi à qui appartient toute chose et toute la louange. Toute affaire est entre Ses mains, provient de Lui et revient à Lui. Etabli sur son trône, rien ne Lui échappe dans Son royaume, Il sait ce qu’il y a dans les âmes de Ses serviteurs, Il connaît leurs secrets et ce qu’ils déclarent au grand jour. Il dirige Seul Son royaume, Il entend et voit, donne et prive, récompense et châtie, honore et avilit, crée et nourrit, fait vivre et mourir, prédestine et décrète. Toute chose, grande ou petite, vient de Lui et remonte vers Lui, pas une fourmi ne se déplace sans Sa permission, et aucune feuille ne tombe sans qu’Il ne le sache.

Médite sur la manière dont Il magnifie, loue et fait les éloges de Sa Personne. Il conseille Ses serviteurs et leur indique ce qui les mènera au succès et à la réussite, Il les y encourage et les met en garde contre ce qui causera leur perte. Il se fait connaître d’eux par Ses noms et attributs, et Se fait aimer d’eux par Ses bienfaits et largesses. Il leur rappelle ainsi Ses bienfaits et leur ordonne d’accomplir des œuvres qui auront pour conséquence de rendre Ses bienfaits plus complets encore. Il les a avertit également de Son courroux, Il leur rappelle les bienfaits qu’Il leur a réservés s’ils Lui obéissent, et le châtiment qu’Il leur a préparé s’ils Lui désobéissent. Il les informe du sort qu’Il a réservé à Ses alliés et Ses ennemis, et de la fin de chacun d’entre eux. Il loue Ses alliés à travers leurs actes pieux et les meilleurs de leurs attributs, et blâme Ses ennemis par les pires de leurs actes et leurs plus horribles attributs. Il donne des exemples, multiple les preuves et les évidences, Il répond aux ambiguïtés de Ses ennemis de la meilleure façon, confirme la parole du véridique et montre la fausseté du menteur. Il ne dit que la vérité et guide vers le chemin droit, Il appelle vers la demeure de la paix (le paradis) et décrit ses caractéristiques, sa beauté et ses bienfaits. Il met en garde contre la demeure de la perdition (l’enfer) et décrit ses châtiments, sa laideur et ses peines. Il rappelle à Ses serviteurs leur pauvreté face à Lui, le grand besoin qu’ils éprouvent à Son égard de tout point de vue, et qu’ils ne peuvent se passer de Lui, serait ce le temps d’un clin d’œil.

Il leur rappelle qu’Il n’a pas besoin d’eux, ni d’aucune créature, et qu’Il est le Riche qui n’a besoin de personne, alors que tous éprouvent le plus grand besoin à Son égard. Personne n’obtient le plus petit bien si ce n’est par Sa grâce et Sa miséricorde, et personne n’est touché par le plus petit mal si ce n’est par Sa justice et Sa sagesse.

Le serviteur remarquera aussi dans les propos de son Seigneur qu’Il réprimande Ses biens aimés de la plus douce des façons et que , malgré tout , Il efface leurs faux pas , pardonne leurs erreurs , accepte leurs excuses , rectifie leur corruption , les défend , les soutient , les conseille , Se porte garant de leurs intérêts , les sauve de toute affliction et tient envers eux Sa promesse . Il est leur allié et ils n’ont en dehors de Lui aucun allié, Il est leur Véritable Maitre, leur Secoureur contre leurs ennemis, quel bon Maître et quel bon Secoureur !

Si par le biais du Coran les cœurs parviennent à contempler ce Roi , Immense , Miséricordieux , Généreux et Beau , comment peuvent ils ne pas l’aimer , se concurrencer pour se rapprocher de Lui , user de leurs temps dans le but de susciter Son affection , L’aimer plus que toute autre chose et préférer Sa satisfaction à celle de tout autre ?? Comment les cœurs peuvent ils ne pas se consacrer à Son rappel et faire de Son amour , du désir qu’ils lui  portent et de Sa compagnie , leur nourriture , leur aliment et leur remède , tel que s’il venait à manquer , les cœurs se corrompraient , périraient et ne tireraient aucun profit de la vie !

Vider avant de remplir

 

On ne peut remplir un récipient d’une substance qu’à condition de l’avoir préalablement vidé de toute substance contraire. C’est le cas pour les personnes physiques et les entités matérielles, mais également pour les croyances et les volontés :

Si le cœur est rempli de fausses croyances et de faux désirs, il ne restera plus de place pour croire en la vérité et l’aimer. De la même manière que celui qui utilise sa langue pour parler de ce qui n’est d’aucun profit, ne pourra l’utiliser pour parler de ce qui lui est profitable, sauf s’il cesse de parler de ce qui est vain. De même, si les membres sont utilisés dans la désobéissance, ils ne peuvent être utilisés dans l’obéissance qu’en cessant de pratiquer ce qui s’y oppose.

Ainsi, si le cœur occupé par autre que l’amour d’Allah ta’ala , le désir d’aller vers Lui et Sa compagnie , il ne pourra être occupé par l’amour d’Allah , Sa volonté , Son amour et le désir de Le rencontrer qu’en étant vidé de tout attachement à autre que Lui . Parallèlement, la langue ne peut se consacrer à Son évocation et les membres se mettre à Son service, qu’en cessant d’évoquer ou de servir autre que Lui. Si le cœur est totalement occupé par les créatures et les sciences qui ne sont d’aucune utilité, il ne restera plus de place pour l’occuper par Allah ta’ala , Sa connaissance , Ses noms , Ses attributs et Ses jugements .

Le secret permettant de saisir pleinement ce concept réside dans le fait que l’ouïe du cœur est semblable à celle de l’oreille. Si le cœur écoute autre chose que la parole d’Allah, il ne restera plus de place pour écouter et comprendre Sa parole. De même s’il penche vers l’amour d’autre qu’Allah, il ne restera en lui aucun penchant vers l’amour d’Allah. S’il prononce des paroles autres que l’évocation d’Allah, il ne restera en lui aucune place pour Son évocation, de la même manière que pour la langue.

C’est pourquoi, il est rapporté dans les deux recueils authentiques que le Prophète sallallahu ‘alayhi wa sallam a dit : « Remplir son ventre de pus jusqu’à satiété est meilleur que de le remplir de poésie »[4]. . Il a donc montré que le ventre pouvait être rempli de poésie. Il peut donc , de la même manière , être rempli d’ambigüités , de doutes , d’illusions , de fausses conceptions , de sciences inutiles , de plaisanteries , de blagues , d’histoires , etc . Si le cœur est rempli de ces choses, les vérités du Coran et la science par laquelle il atteindra la plénitude et le succès ne trouveront aucune place et ne seront pas acceptées. Ces vérités passeront alors leur chemin et se rendront vers un autre lieu. De la même manière, lorsque l’on conseille un cœur rempli de son contraire, ces conseils ne pourront jamais le pénétrer. Le cœur ne les acceptera pas et ils ne resteront pas en lui. Ils passeront à côté de lui comme des voyageurs et non des résidents. A ce sujet, les vers suivant sont à méditer :

Purifie ton cœur de tout autre que nous et tu nous trouveras. Car notre voisinage est ouvert à qui purifie son cœur. La patience est l’énigme menant au trésor de notre amour. Celui qui résout cette énigme obtiendra son trésor.

Et c’est Allah qui accorde le succès.

L’équité d’Allah ta’ala

 

Bienheureux est celui qui est équitable envers son Seigneur, reconnaît l’ignorance qui entache sa connaissance, les erreurs qui entachent ses œuvres, les défauts qui entachent son âme, ses négligences vis à vis de Ses droits et son injustice dans son attitude envers Lui.

Si Allah le châtie pour ses péchés, il y voit Sa justice, et s’Il ne le châtie pas, il y voit Son bienfait. S’il accomplit une bonne action, il y voit la grâce d’Allah et une aumône qu’Il lui fait. S’il accepte cette œuvre c’est une fois encore une grâce et une aumône de Sa part. Et s’Il la rejette, c’est parce que cette œuvre ne saurait Lui être présentées comme telle.

S’il commet une mauvaise action, il y voit l’abandon et le délaissement d’Allah et le fait qu’Il l’a privé de Sa protection. Or cela découle de Sa justice. Le serviteur y voit donc sa pauvreté vis à vis de son Seigneur et son injustice envers sa propre personne. Et si Allah ta’ala lui pardonne, c’est par Sa seule bienfaisance, Sa bonté et Sa générosité.

L’essence et le secret de cette question consiste à ne considérer son Seigneur que Bienfaisant, et ne considérer sa personne que malfaisante, outrancière ou négligente. Le serviteur doit considérer tout ce qui le réjouit comme une grâce et une bienfaisance de son Seigneur, et tout ce qui lui déplait comme venant de ses péchés et de la justice d’Allah.

La jalousie est de deux types

 

La jalousie est de deux types : La jalousie pour quelqu’un et la jalousie envers quelqu’un. La jalousie que l’on éprouve pour un être aimé est en fait le désir ardent qu’on lui porte, et la jalousie envers ce qui est détestable consiste à vouloir que personne ne rivalise avec soi dans l’amour de cet être aimé. La jalousie pour un être aimé n’est complète qu’avec cette jalousie envers les rivaux. C’est une jalousie louable quand l’amour éprouvé pour l’être aimé ne peut être partagé, comme c’est le cas pour les créatures.

En revanche, lorsqu’il s’agit d’un amour qu’il est conseillé de partager, comme l’amour éprouvé pour le prophète sallallahu ‘alayhi wa sallam ou un savant, ou même pour le bien Aimé, le proche d’Allah, on ne peut concevoir d’éprouver de la jalousie envers un rival qui éprouverait le même amour, car ce serait considéré comme de l’envie blâmable. La jalousie louée concernant Allah consiste à ce que le serviteur soit jaloux de l’amour qu’il Lui porte en ne le vouant à aucun autre que Lui, et ne laisse personne le découvrir au risque de le corrompre. Il doit être jaloux pour ses actes afin de n’en vouer aucun à d’autre que Celui qu’il aime, ou que ses actes soient mélangés à des choses que son Bien aimés déteste, comme l’ostentation, la suffisance, le désir de faire connaître ses œuvres, ou le manque de reconnaissance de la grâce qu’Allah lui accorde à travers ces actes.

En résumé, la jalousie du serviteur implique que les situations dans lesquelles il se trouve, ses œuvres et ses actes soient tous voués à Allah ta’ala. Il doit être également jaloux concernant son temps afin qu’il n’en perde rien dans autre chose que les œuvres qui satisfont son Bien aimé.

Ceci est la jalousie du point de vue du serviteur, qui doit être jaloux de tout rival et de tout ce qui pourrait lui faire obstacle et l’empêcher d’arriver à l’agrément de son Bien aimé.

Quant à la jalousie de son Bien aimé envers lui, elle consiste en ce qu’Il déteste que son cœur se détourne de Son amour pour l’amour d’un autre, de sorte que cet autre soit associé dans Son amour. C’est pour cela que la jalousie d’Allah consiste en ce qu’Il déteste que Son serviteur commette ce qu’Il lui a interdit. C’est en raison de Sa jalousie qu’Il a interdit la turpitude apparente et cachée, car les créatures ne sont que Ses serviteurs et servantes. Il est jaloux pour Ses servantes, comme le maître est jaloux pour ses esclaves et à Allah ta’ala appartiennent les attributs de perfection. Il est jaloux que l’amour de Ses serviteurs puisse être voués à autre que Lui, si bien que cet amour les amène à s’attacher aux seuls apparences physiques et à commettre la turpitude (la fornication).

Œuvrer avant qu’il ne soit trop tard

 

Lorsque les gens voient les demeures de leurs biens aimés partir en ruine, ils invoquent la miséricorde d’Allah à leur égard. De la même manière, lorsque le serviteur aimant Allah est enterré et que son corps se décompose par l’effet du temps, son Seigneur est alors reconnaissant pour l’obéissance et l’affection qu’il Lui vouait sur terre, et la miséricorde d’Allah ne cessera de se renouveler pour celui qui habitait ce corps aujourd’hui décomposé.

L’état le plus honorable face à Allah ta’ala

 

Celui qui perd sa proximité avec Allah ta’ala en public pour la retrouver dans la solitude, est un homme sincère mais faible. Celui qui la trouve en public et la perd dans la solitude a le cœur malade. Celui qui perd en public et dans la solitude a le cœur mort, privé de la miséricorde d’Allah. Et quant à celui qui la trouve en public et dans la solitude, c’est un homme qui aime vraiment Allah ta’ala d’un amour sincère et fort.

Celui dont la proximité avec Allah vient dans la solitude ne l’augmentera que de cette manière. Celui qui trouve la proximité d’Allah parmi les hommes, en les aidant et en les conseillant ne l’augmentera que de cette manière. Celui dont la proximité avec Allah vient dans le fait de se conformer à ce qu’Allah lui demande ou qu’il soit et quelle que soit la situation, l’augmentera plus encore que ce soit en public ou dans la solitude.

L’état le plus honorable est donc de ne choisir pour ta propre personne que la situation qu’Allah a choisie pour toi et dans laquelle Il t’a mis. Reste du côté de ce qu’Il attend de toi et non de ce que toi tu t’attends de Lui.

Qui t’a trompé au sujet de ton Seigneur ?

 

Une des choses les plus étonnantes est :

$1      Que tu Le connaisses sans pour autant L’aimer.

$1      Que tu entendes l’appel de Son Messager et que tu tardes à lui répondre.

 

$1      Que tu connaisses la valeur du gain en commerçant avec Lui puis que tu commerces avec autre que Lui.

$1      Que tu connaisses le degré de Sa colère puis que tu t’y exposes.

 

$1      Que tu goûtes à Son éloignement lorsque tu Lui désobéis sans chercher Sa compagnie en Lui obéissant.

 

$1      Que tu goûtes à l’oppression du cœur lorsque tu mentionnes autre que Ses paroles et parles d’autre que Lui, sans chercher à épanouir ta poitrine en L’évoquant et en t’adressant à Lui.

$1      Que tu goûtes au supplice lorsque le cœur s’attache à autre que Lui sans fuir vers le bienfait du retour et du repentir vers Lui !

Mais le plus étonnant de tout cela est que tu sais ne pas pouvoir te passer de Lui, et tu sais être la créature qui a le plus besoin de Lui, mais tu te détournes de Lui et aspires à atteindre ce qui pourtant t’éloignera de Lui.

L’origine des péchés

 

Le serviteur ne commet ce qui lui est interdit que pour l’une des deux raisons suivantes :

$1      La première : la mauvaise opinion qu’il a de son Seigneur, en se disant que s’il Lui obéit et Le préfère à toute autre chose Il ne lui accordera, de ce qui est licite, rien de meilleur.

$1      La deuxième : c’est quand il sait que celui qui délaisse une chose pour Allah, Celui ci la lui remplace par une chose meilleure encore. Mais ses désirs dominent sa patience et ses passions sa raison.

Le premier commet un péché en raison de son manque de science, et le deuxième en raison d’un manque de raison et de clairvoyance.

La crainte et l’espoir ne sont voués qu’à Allah ta’ala

 

Il n’y a, dans le domaine du possible, aucune cause produisant un effet indépendamment de toute autre cause .Une cause ne peut avoir d’effet que si elle est associée à une autre cause et qu’elle est exempte de tout obstacle qui empêche sa réalisation. Ceci est valable pour les causes visibles à l’œil nu.

Quant aux effets des causes invisibles ou immatérielles, comme l’effet du soleil sur les animaux et les plantes, ils nécessitent l’existence d’un réceptacle adéquat et d’autres causes associées encore. De même, avoir un enfant dépend de nombreuses causes, autres que la copulation, et il en est ainsi pour toute cause liée à ce qui la provoque. Ainsi, l’espoir que l’on nourrit envers une créature ou la crainte qu’elle nous inspire n’est, dans le meilleur des cas, qu’une partie d’une cause qui ne peut avoir d’effet par elle même.

Rien ne peut avoir d’incidence de par lui même sans que cet effet ne soit lié à d’autres, si ce n’est Allah, l’Unique, le Dominateur Suprême. Il ne convient donc pas d’espérer ou de craindre autre que Lui. Ceci est une preuve claire qu’il est faux de lier son espoir ou sa crainte à autre que Lui. Et même si l’on admettait que cette autre cause peut avoir un effet seule, cette causalité proviendrait d’autre qu’elle et non de la cause elle même. L’individu ne détient donc pour lui même aucune force par laquelle il peut agir, car il n’y a de force et puissance qu’en Allah ta’ala. Il est Celui qui détient toute la puissance et la force. Ainsi, la force et la puissance en laquelle on peut espérer ou que l’on peut craindre des créatures ne viennent que d’Allah qui les possède en vérité. Comment peut-on donc espérer ou craindre ce qui n’a ni puissance ni force !

Au contraire, placer son espoir en une créature ou la craindre est une cause de privation et de mal pour celui qui la craint ou nourrit un espoir envers elle. Car plus tu crains une créature, et plus Allah lui donne emprise sur toi, et plus tu places ton espoir en elle, et plus Allah te prive de bien.

C’est là l’état de toutes les créatures, même si la plupart d’entre elles l’ignorent. Ainsi, ce qu’Allah veut se réalise nécessairement, et ce qu’Il ne veut pas ne se réalise pas, même si toute la création se réunissait pour la réaliser.

La perfection n’est atteinte que par la science et l’amour

 

Le plaisir est une conséquence de l’amour. La force et la faiblesse du premier dépendent de celles du second. Ainsi, plus l’espoir et le désir de rencontrer l’Etre aimés sont forts, et plus le plaisir de parvenir à Lui n’est complet.

De même, l’amour et le désir dépendent de la connaissance et de la science qu’on aura de Lui. Plus cette connaissance sera complète, plus l’amour sera parfait. Puisque le caractère complet des bienfaits et de la délectation dans l’au delà dépendent de la science et de l’amour, plus l’individu connaîtra Allah, Ses noms et attributs et Sa religion, plus il L’aimera, et plus le plaisir de parvenir à Lui, d’être à Ses côtés, de contempler Son visage et d’écouter Ses paroles, sera complet. Ainsi, tout plaisir, bienfait, joie et ravissement de ce monde comparé aux plaisirs de l’au delà est semblable à une goutte d’eau comparée à la mer. Comment l’homme doué de raison peut il préférer une délectation insignifiante, temporaire et troublée par les souffrances à une délectation immense et éternelle ?

La perfection du serviteur dépend de ces deux forces : la science et l’amour. La meilleure des sciences est la connaissance d’Allah et le plus haut degré de l’amour est celui qu’on Lui voue, et la délectation la plus parfaite dépend de ces deux choses. Et c’est auprès d’Allah que nous cherchons l’aide.

La voie vers Allah ta’ala est faite de deux prisons

 

Celui qui chemine vers Allah ta’ala et l’au delà ne peut maintenir son cheminement et sa recherche sur la voie droite qu’à travers deux prisons :

En emprisonnant son cœur pour qu’il se consacre à Celui qu’il recherche et l’empêcher de se tourner vers d’autres que Lui.

En emprisonnant sa langue pour l’empêcher de dire ce qui ne présente aucun profit, et la contraindre au rappel d’Allah et à tout ce qui fera croître sa foi et sa connaissance.

En emprisonnant ses membres pour leur interdire les péchés et les désirs, et les contraindre aux obligations et aux actes louables.

Ainsi, le serviteur ne quittera sa prison que lorsqu’il rencontrera son Seigneur qui le libèrera de sa captivité vers le plus spacieux et le meilleur des lieux.

Mais s’il ne patiente pas dans ces deux prisons et s’en échappe pour se rendre vers les hauteurs des désirs, il sera de nouveau incarcéré dans une prison terrible lorsqu’il quittera ce bas monde. Toute personne quittant ce monde est soit libérée de prison soit emprisonnée. Et c’est Allah qui accorde le succès.

 

 

Des mérites de la piété

 

‘Abd Allah ibn ‘Awn[5]-qu’Allah lui fasse Miséricorde- dit à un homme en lui faisant ses adieux : « Crains Allah, car celui qui craint Allah ne se sent jamais seul. »

Zayd ibn Aslam[6]-qu’Allah lui fasse Miséricorde- aimait à dire : « Celui qui craint Allah, les gens l’aimeront, même à contrecœur. »

Sufyân At Thawrî[7] dit à ibn Abî Dhi’b[8]-qu’Allah leur fasse Miséricorde- : « Si tu crains Allah, Il te protègera des gens, et si tu crains les gens, ils ne pourront rien pour toi face à Allah. »

Le Prophète Sulaymân ibn Dâwud ‘aleyhi sallam a dit : « On nous a accordé de ce que l’on donne aux gens et de ce qu’on ne leur donne pas. Il nous a été enseigné ce que savent les gens et ce qu’ils ne savent pas. Et nous n’avons rien trouvé de meilleur que la crainte d’Allah en privé ou en public, l’équité dans la colère et l’agrément, et la mesure dans la pauvreté et la richesse. »

Et dans Az Zuhd de l’imam Ahmad -qu’Allah lui fasse Miséricorde- est rapporté un récit divin (Qudsî) : « Toute créature qui s’attache à une autre créature et non à Moi, Je la priverai des richesses des cieux et de la terre. Si elle Me demande quoi que ce soit, Je ne lui accorderai pas, si elle M’invoque, Je ne lui répondrai pas, et si elle Me demande pardon, Je ne lui pardonnerai pas. Et toutes créatures qui s’attachent à Moi et non à Ma création, Je ferais des cieux et de la terre sa subsistance. Si elle Me demande quelque chose, Je lui accorderai, si elle M’invoque, Je lui répondrai, et si elle Me demande pardon, Je lui pardonnerai. »

L’association de la piété et du bon comportement

 

Le Prophète sallallahu ‘alayhi wa sallam établit souvent une relation entre la crainte d’Allah et le bon comportement, car la crainte d’Allah améliore la relation entre le serviteur et son Seigneur, et le bon comportement améliore la relation en le serviteur et les autres créatures d’Allah. Ainsi, la crainte d’Allah suscitera l’amour d’Allah, et le bon comportement incitera les gens à l’aimer.

Le chemin vers Allah

 

Entre le serviteur d’une part, et Allah ta’ala et le paradis d’autre part, il y a un pont que le serviteur peut traverser en deux pas. Par le premier pas, il enjambera son ego et par le second, il enjambera les créatures. C’est à dire que le serviteur devra faire fi de son ego et le dévaloriser dans ses relations avec les hommes, tout comme il devra faire fi des hommes et les dévaloriser dans sa relation avec Allah, à moins qu’il ne s’agisse d’une personne qui le dirigera vers Allah ta’ala et vers la voie menant à Lui.

L’effet de l’attestation de foi au moment de la mort

 

L’attestation qu’il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah au moment de la mort a un effet immense dans le pardon des péchés. Car cette attestation émane d’un serviteur qui en a la certitude et sait ce qu’elle implique. Un serviteur dont les passions sont mortes, dont l’âme désobéissante s’est montrée accommodante après avoir refusé et désobéi, qui s’est tournée vers Allah ta’ala après s’en être détournée, s’est humiliée après s’être montrer fière. Son avidité pour ce monde et ses excès l’ont quittée, elle s’est humiliée comme jamais devant son Seigneur, Créateur et Maître en toute vérité, en espérant plus que jamais Son pardon, Sa grâce et Sa miséricorde. Seule l’unicité d’Allah reste en elle, après que l’eut quittée le polythéisme et qu’elle eut réalisé sa fausseté. Les controverses qui l’occupaient ont disparu, se préoccupant désormais uniquement de Celui vers qui elle est certaine de se rendre.

Le serviteur dirige ainsi tout son visage, son cœur, son âme et sa préoccupation vers Lui. Il se soumet à Lui intérieurement et extérieurement de la même façon, et dit en toute sincérité : Il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah. Son cœur s’est libéré du fait de s’attacher et se tourner vers d’autres que Lui. La vie d’ici bas a totalement quitté son cœur et la rencontre avec son seigneur approche. Le feu de ses passions s’est éteint, son cœur est rempli de l’au delà, il ne voit que cela et a désormais tourné le dos au bas monde. Ainsi, cette attestation sincère est la dernière de ses œuvres. Elle le purifie de ses péchés et le fait entré auprès de son seigneur car il Le rencontre avec cette attestation sincère et pure de tout polythéisme. Plus aucune différence n’existe entre l’apparence et le for intérieur, et ce qui est public ou caché de cette attestation de foi.

S’il avait prononcé cette attestation de cette manière alors qu’il était en bonne santé, il se serait éloigné de cette vie et de ses habitants, il aurait fui vers Allah ta’ala pour échapper aux gens, il se serait contenté de Sa Seule compagnie. Mais lorsqu’il était en bonne santé, il prononçait cette attestation alors que son cœur était chargé de désirs, de l’amour de la vie et de ses nécessités, que son âme était remplie de la recherche des plaisirs et du fait de se tourner vers d’autres qu’Allah. Si l’âme se dépouillait comme elle le fait au moment de la mort, elle aurait joui d’une situation différente et une vie autre que la vie bestiale qu’elle menait. Et c’est auprès d’Allah que nous recherchons l’aide.

Le serviteur appartient entièrement à Allah

 

Que possède pour lui même, celui dont le toupet et l’âme sont dans la Main d’Allah, dont le cœur est entre deux de Ses doigts et qu’Il tourne comme Il veut, et dont la vie, la mort, le succès et la perte sont dans Sa Main ? Celui dont les mouvements, l’immobilité, les paroles et les actes dépendent de Sa permission et Sa volonté ? Ainsi il ne bouge qu’avec Sa permission et n’œuvre que par Sa volonté.

Si Allah l’abandonne à son sort, Il l’abandonne à l’impuissance, la faiblesse, la négligence, le péché et l’erreur. Et s’Il le confie à un autre, Il le confie à qui ne détient pour lui même ni nuisance, ni profit, no mort ni vie, ni résurrection. S’Il l’abandonne totalement, Il le soumet à ses ennemis et en fait son prisonnier.

Le serviteur ne peut donc se passer de Lui, serait ce le temps d’un clin d’œil, mais il éprouve le plus grand besoin à Son égard à chaque inspiration, pour chaque parcelle de son corps, intérieurement et extérieurement. Il est dans le besoin le plus complet vis à vis de Lui. Malgré tout, il s’oppose à Lui, s’en détourne, suscite Son inimité en Lui désobéissant, et ce malgré le grand besoin qu’il éprouve à Son égard de tout point de vue. Il a oublié Son rappel et lui a tourné le dos alors que c’est vers Lui qu’il reviendra et devant Lui qu’il se tiendra !

La vie et la subsistance sont liées

 

Libère tes pensées pour réfléchir à ce qu’on t’a ordonné et ne les occupe pas par la subsistance qui t’a été assurée, car la vie et la subsistance sont liées et assurées par Allah ta’ala. Tant que la vie perdure, la subsistance te parviendra, et si par Sa sagesse Allah t’obstrue une des voies menant à la subsistance, Il t’ouvrira, par Sa miséricorde, une voie plus profitable encore.

Médite sur la manière dont la nourriture, véhiculée par le sang, parvient au fœtus par son nombril. Lorsque l’enfant sort du ventre de sa mère, cette voie se rompt, et Allah lui ouvre deux autres voies, les seins de sa mère dans lesquelles il trouve une subsistance plus douce et plus délicieuse encore que la première : Un lait pur et exquis. Lorsque prend fin l’allaitement, ces deux voies sont coupées par le sevrage, et on lui ouvre quatre voies meilleures encore : deux aliments et deux boissons. Les deux aliments ne sont autres que les animaux et les plantes, et les deux boissons l’eau et le lait, et tout ce qu’on peut y ajouter comme bienfaits et délices. Et lorsqu’il meurt ces quatre voies cessent, mais Allah ta’ala lui ouvre s’il fait partie des bienheureux, huit autres voies qui sont les huit portes du paradis, et il y entre par celle qu’il veut.

Ainsi, le Seigneur Gloire et Pureté à Lui ne prive pas Son serviteur croyant d’une chose de ce monde sans lui accorder quelque chose de meilleur et de plus profitable. Et ce privilège est réservé exclusivement au croyant. Allah ta’ala le prive ainsi de parts viles et insignifiantes de ce monde qu’Il n’agrée pas pour lui, et lui accorde des parts meilleures et plus précieuses dans l’au delà.

Le serviteur parce qu’il ignore ce qui lui est profitable et ignore la générosité, la sagesse et la douceur de son Seigneur ne sait pas faire la différence entre ce dont il a été privé et ce qui lui a été réservé. Plus encore, il s’éprend des biens de ce monde, même s’ils sont vils, et éprouve peu de désirs pour les biens de l’au delà, même s’ils sont de plus grande valeur.

Si le serviteur était juste avec son Seigneur, et comment pourrait il l’être, il saurait que Sa grâce en le privant des délices et bienfaits de ce monde et plus grande encore que Sa grâce pour les lui avoir accordés. Il ne l’a privé que pour lui donner, ne l’a éprouvé que pour le préserver, ne l’a tenté que pour lui faire mériter Son amour, ne l’a fait mourir que pour le revivifier, ne l’a fait parvenir à cette demeure, ce bas monde, que pour qu’il se prépare à la quitter afin de se diriger vers Lui et emprunter le chemin menant à Lui.

« C’est Lui qui a établi une succession entre la nuit et le jour pour quiconque veut y réfléchir et se montrer reconnaissant. »

(Sourate Al Furqân verset 62).

« Mais les injustes s’obstinent dans leur mécréance. »

(Sourate Al Isrâ’ verset 99).

Pensées profondes

 

Celui qui connait sa personne s’attachera à la rectifier plutôt que de s’intéresser aux défauts des gens. Et celui qui connaît son Seigneur, sera préoccupé par Lui plutôt que par ses passions.

La plus profitable des œuvres est celle pour laquelle tu fais Fi des gens en étant sincère envers Allah, et pour laquelle tu fais Fi de ta propre personne en reconnaissant qu’il s’agit d’un bienfait d’Allah. Ainsi, tu ne dois voir dans l’œuvre accomplie ni ta personne ni les créatures.

Les gens entrent en enfer par trois portes :

$1      La porte des ambigüités qui fait naître le doute concernant la religion d’Allah.

 

$1      La porte des désirs qui donne prééminence aux passions sur l’obéissance et la satisfaction d’Allah.

 

$1      La porte de la colère qui pousse à maltraiter les créatures d’Allah.

Les bases de toute erreur sont au nombre de trois :

$1      L’orgueil qui a conduit Satan à l’état dans lequel il se trouve

 

$1      L’avidité qui a fait sortir Adam du paradis

 

$1      La jalousie qui a poussé l’un des fils d’Adam à tuer son frère.

Celui qui est préservé de ces trois choses est préservé du mal. La mécréance naît de l’orgueil, les péchés de l’avidité et la transgression et l’injustice de la jalousie.

Par sa sagesse, Allah ta’ala a fait de chaque partie du fils d’Adam apparente ou cachée un outil répondant à une fonction. Et c’est dans cette utilisation que cet outil atteint la perfection : L’œil pour voir, l’oreille pour entendre, le nez pour sentir, la langue pour parler, le sexe pour s’accoupler, la main pour saisir, le pied pour marcher, le cœur pour l’unicité d’Allah et la connaissance, l’âme pour l’amour, la raison pour penser et méditer sur les conséquences des affaires religieuses et terrestres afin de pouvoir choisir ce qui convient d’être choisi et délaisser ce qui convient d’être délaissé.

L’homme qui réalise la plus mauvaise affaire est celui qui se préoccupe de sa personne plutôt que d’Allah ta’ala. Et plus perdant encore est celui qui se préoccupe des gens plutôt que de sa personne.

Le rôle central du cœur

 

Il est rapporté dans les Sunan, d’après Abû Sa’îd -qu’Allah l’agrée- qui attribue ces propos au prophète sallallahu ‘alayhi wa sallam : « Au matin, tous les membres du corps de l’être humain se soumettent à la langue en lui disant : Crains Allah ! Car nous dépendons de toi, si tu restes sur la voie droite, nous y serons aussi, et si tu dévies, nous dévierons. »[9].

Dans un autre hadith, il est rapporté que lorsque les compagnons furent introduits auprès du Négus, ils ne ce sont pas soumis à lui. C’est à dire qu’ils ne se sont pas prosternés devant lui. C’est pour cela que ‘Amr ibn al As -qu’Allah l’agrée- lui a dit : « O roi ! Ils ne se soumettent pas à toi. »

Les membres se soumettent à la langue car elle est le messager du cœur, son interprète et l’intermédiaire entre lui et les membres.

Lorsque les membres disent : Nous dépendons de toi, cela signifie : Notre salut et notre perte dépendent de toi. C’est pourquoi ils disent ensuite : Si tu reste sur la voie droite, nous y serons aussi, et si tu dévie, nous dévierons.



[1]Que nous avons traduit dans le verset par étendues

[2] Le terme cognitif désigne tout ce qui a rapport à la connaissance, à la science.

[3] Ce hadith a été déclaré Da’îf par al Albani qui signale qu’il n’a pas été rapporté par at Tirmidhi , voir ad Da’îfah 965

[4] Rapporté par al Boukhârî 6100 et Muslim 2257

[5] Savant de Basora , mort en 151 H . Spécialiste du hadith, personne n’était plus connaisseur de la sunna en Irak que lui. Il étudia entre autres, auprès de Sufyân At Thawrî.

[6] Grand jurisconsulte et exégète de Médine, mort en 136 H.

[7] Né en 97 H à Kûfah et décédé en 162 H. Il fut surnommé : Commandeur des croyants dans la science du hadith.

[8] Tâbi’î qurayshite connu pour être un transmetteur de hadith et un des meilleurs hommes de son époque.

[9]Hadith hasan, voir Sahih Sunan At Tirmidhî 2407.

 

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