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Dispositions délibérées prises au temps du Saint Prophète r pour la compilation du Hadith

§ 47 Il ne manque pas de traditions selon lesquelles le

(81) al-Bukhâri, 3:49 (K. 'Ilm, B. Kitâbat al-'ilm, N° 2); Abu Dâwud, 24:3 (K. 'Ilm, B. Kitâb al 'Uni, No. 4 -5); at-Tirmidhi, 12, No.2 (K. 'Ilm, B. ma ja'a fi'r-rukhsat fihi).

Saint Prophète aurait interdit, à ses Compagnons de mettre par écrit quoique ce soit de ce qu'ils auraient entendus prononcer de ses lèvres à l'exception du Coran. Il y a aussi des dires indiquant qu'il avait non seulement permis mais même recommandé à ses compagnons d'écrire ses paroles.

§ 48 De tels ordres apparemment «contradictoires» ne suscitaient pas de perplexité dans l'esprit de ses Compagnons parce qu'ils étaient pleinement informés du contexte dans lequel ils avaient été prononcés. Cela provoqua toutefois quelque confusion parmi ceux qui recueillirent les traditions plus tard, chacun se fondant sur le texte du dire qui était venu à sa connaissance. Plus tard, quand toutes les données utiles, pour et contre, eurent été rassemblées, les esprits doués d'intelligence et de discernement ne trouvèrent pas de difficulté à saisir le désir réel du Saint Prophète. Par exemple mérite d'être mis en relief le tait que, dans son Sahîh le grand spécialiste al-Bukhâri inclut spécialement un «chapitre sur la mise par écrit de la science» (c'est à dire ce qui se rapporte au Prophète). Cela traite de l'autorisation de mettre le hadith par écrit. Il n'y a cependant aucun chapitre ni même un quelconque récit interdisant la mise par écrit du hadith ou la désapprouvant. (Voir infra § 119)

§ 49 Avant de citer - et de scruter- les récits selon lesquels le Prophète aurait signifié une interdiction à l'égard de la mise par écrit du hadith il semble plus à propos de continuer la présente discussion et de citer des récits concernant l'autorisation du Prophète de consigner le hadith par écrit et rapportant des cas réels où l'on a tiré profit d'avoir utilisé cette permission. De tels récits sont aussi nombreux qu'impressionnants:

§ 50 (I) Un Ansârite

At-Tirmidhi raconte(82) qu'un jour un Compagnon d'entre les Ansârs vint en présence du Saint Prophète, se plaignant de sa mauvaise mémoire. Il ajouta que l'audition des exhortations ou des admonitions que faisait chaque jour le Saint Prophète illuminait et élevait son esprit mais en raison de sa mauvaise mémoire il n'arrivait pas à tout retenir. Le Saint Prophète répondit: fais-toi aider par ta main droite (c'est à dire mets-le par écrit). La source ne précise pas de quel Ansârite il s'agissait. On peut supposer qu'il a dû profiter de cette autorisation.

§ 51 (II) Abddullâh ibn 'Amr ibn al-'As

Le Mecquois 'Abdullâh ibn 'Amr ibn al-'As rapporte un cas semblable(83). A la connaissance du Saint Prophète et avec sa permission il avait l'habitude de noter ses paroles afin de ne pas les oublier. Des gens lui demandèrent de ne pas faire cela. Ils disaient qu'après tout, le Prophète était un humain, soumis aux variations d'humeur, de la joie et de la colère, ce pourquoi il ne serait pas convenable de noter sans discrimination toutes ses paroles. C'était une suggestion raisonnable. Mais, intelligent qu'il était. 'Abdullâh alla trouver le Saint Prophète et lui demanda: «Puis-je mettre par écrit tout ce que je t'entends dire? «Il répondit «oui». Pour plus de précaution il ajouta «même en cas de joie ou de colère? Le Saint Prophète indiqua sa bouche et dit: «Par Allah  , tout ce qui sort d'ici est assurément correct et vrai». Al-Bukhari.

(82) 12:1 (K. 'Ilm, B. ma jâ"a fi r-rukhsat fîhi, No. 1).

(83) at-Tirmidhi. 39:12:3 (K. 'Ilm, B. ma jâ'a fi'r-rukhsat fîhi, no 3); Abu Dâwûd 24:3 (K. 'Ilm, B. kitâb al-'ilm) ; Ibn Hanbal (nouvelle éd.). No 6510, 6802, 6930, 7018, 7020: Ibn Sa'd Tabaqât, IV/ii, p. 89; Ibn 'Abd al-Barr, Istî'âb, No. 1584; etc. ar-Ràmhurmuzî, § 316, 319 à 322;e.a.

(84) cite: Wahb ibn Munabbih a dit, en se fondant, sur l'autorité de son frère Hâmâm ibn Munabbih (le compilateur du texte présenté ci-après) :

«J'ai entendu Abu Hurairah dire: Parmi les compagnons du Saint Prophète, personne n'a rapporté un plus grand nombre de hadiths que moi à l'exception d'Abdullâh ibn 'Amr qui avait l'habitude de les mettre par écrit (sur le champ), ce que moi je ne faisais pas».

'Abdullâ donna à cette compilation qu'il fit en recueillant les propos du Prophète, le nom de as-Sahîfah as-Sâdiqah (ce qui signifie le Recueil véridique (85). On a dit(86) qu'Abdullâh avait l'habitude de dire: je me souviens d'une millier de mathal du Prophète» il voulait certainement dire par là des narrations et non simplement des proverbes). Peut-être la référence se rapporte à la même compilation: En tous cas l'original de la Sahifah Sâdiqah fut conservé dans sa famille pendant longtemps. Son petit-fils Amr ibn Chu'aib avait l'habitude de la tenir en main; de la réciter et de la dicter(87). Nous devons être reconnais à Ibn Hanbal d'avoir semble-t-il incorporé la totalité de cet ouvrage d'Abdullâh ibn 'Amr dans son inestimable et volumineux Musnad au chapitre 'Abdullâh ibn 'Amr ibn al-'As», ce qui compense un peu la perte de l'original comme nous le verrons plus loin, il fit de même pour la Sahifah de Hammam).

(84) al-Bukhâri, 3: 49, N .3 (K. 'îlm. iî. kitâbal al-'ilm); Ma'mar, cf. 'Abd ar-Razzâq, Musannaf. éd. Beyrouth, XI, n0 20489.

(85) Ibn Sa'd, Tabaqât, IV/ii, P. 8-9 Râmhurmuzî N0 322-4
(86) Ibn 'Abd-al-Barr, Istî'âb, n°1584; Ibn al-Athîr, Usd al-Châbah, III, 233.
(87) Ibn Hajar, Tahdhîb at-Tahdhîb, VII, p. 48-55, n°80

Ibn Hanbal et d'autres (88) ont fait référence à cette compilation de 'Abdullâh et donnent d'autres détails:

«Voici ce que raconte Abû-Qabîl: Un jour, nous étions avec 'Abdullâh ibn 'Amr. On lui demanda: Quelle ville sera conquise la première, Constantinople ou Roûmia (Rome)? Là-dessus, il envoya chercher un vieux coffre, en sortit un livre, le consulta et dit: un jour, nous étions (assis) en présence du Saint Prophète et mettions ses paroles par écrit. Pendant ce temps, il lui fut demandé: quelle ville sera conquise la première Constantinople ou Roûmia? Le Saint Prophète répondit : la ville du fils d'Héraclius sera conquise la première, - c'est à dire Constantinople».

Ces détails montrent que ce n'était pas seulement 'Abdullah ibn 'Amr mais tout un groupe de compagnons du Prophète qui mettaient par écrit les dits du Prophète, et cela même en sa présence. Ce «vieux coffre» de la narration peut avoir contenu plus d'un livre; 'Abdullâh ibn 'Amr ibn al-As était un homme de grande piété au tempérament ascétique bien que jeune encore. Il avait embrassé l'Islam avant même son père. Dans sa grande passion pour l'étude il apprit le syriaque (89). Il lisait régulièrement la Bible ainsi que le lui avait permis le Prophète (90). Un peu plus tard il acquit une charge de chameau faite de livres religieux judéo-chrétiens qu'il lut et assimila (91) ; sur la base de ce texte il composa un volume

(88) ad-Dârimi, Sunan, ch.43 (man rakhkhasa fi kitabat al-'Ilm) Ibn Manzur, Lisân al-'Arab, s.v. z-h m; Ibn Hanbal, N0 6645 (cf; aussi 6623); Ibn 'Abd al-Hakam, Futûh Misr, p. 2567; Majma' az-Zawâ'id, VI, 219 (cité par l'éditeur de la nouvelle édition d'Ibn Hanbal sous le n°6645).
(89) Ibn Sa'd, Tabaqât, IV (II, p.11)

(90) Ibn Hanbal, II, 222 (n0 7067); Abu Nu'aim, Hilyat al-Auliya, I, 26.
(91) Ibn Hajar, Fat'h al-Bâri, I, 167.

entier qu'il intitula Sahîfah Yarmûkiya (92) (apparemment en souvenir du lieu où eut lieu la célèbre bataille contre les Byzantins, et où ces livres de science biblique lui échurent comme butin). Il mourut en 65 H/684; à l'âge de soixante douze ans (93).

§ 52 (III) Abu Râfi' l'esclave afiranchi du Prophète. Abu Râfi', copte Converti, sollicita aussi du Prophète l'autorisation de consigner le Hadith, ce qui lui fut accordé (94). Sa vie est pittoresque (95) mais on n'a pas de détail sur sa compilation des paroles du Prophète. (95).

§ 53 (IV) La compilation d'Anas et sa correction par le Prophète

(92) Cité par Manazir Ahsan Gilani, Tadwin-e-Hadith, p.67 sans mention de sa source

(93) Ibn Sa'd, Tabaqât. IV/'ii. p. 13.

(94) Cité par Zuhair Siddiqi dans son article «Ahadith were recorded during the life-time of Muhammad», (dans les travaux de la première session du Idâra-i Ma'arif-i-Islamiya, Lahore, p. 63-71. peut-être y a-t-il une confusion avec Râfî ibn Khadîj qui dit: " O Envoyé d'Allah    , nous entendons de toi des choses, pouvons-nous les mettre par écrit?" et lui de répondre: «oui» (Ramhuranuzi, éd. Beyrouth, No 330).

(95) Selon Ibn Hicham (p.460-I), il embrassa, l'islam avant la bataille de Badr qui eut lieu en l'an 2 H. Selon le Usd al-Ghâbah de Ibn al-Athir (1,77) il avait même pris part à la bataille d'Uhud de l'an 3 H, en compagnie du Prophète. As-Suhaili (ar-Raud al-Unuf II,78-9) dit qu'il était esclave d'Abbas, oncle du Prophète. Selon al-Balâdhuri (Ansâb, éd. du Caire, 1959, I, 477) le Prophète, après l'émigration à Médine, l'envoya chercher sa famille à la Mecque (ce qui signifie qu'il était à Médine depuis la première année de l'Hégire). Mais Abu Dâwûd (Sunan, 15:162, K.Jihâd, B.Al-imân yustajannu bihi fi'l-'uhud) affirma qu'une fois les païens de la Mecque le dépêchèrent à Médine comme leur envoyé, que c'est alors qu'il embrassa l'islam et qu'il n'eût pas voulu rentrer à la Mecque si le Prophète ne lui en avait donné l'ordre, disant qu'il ne voudrait pas être accusé de détenir des ambassadeurs. Nous possédons aussi un acte par lequel le Prophète garantit sa liberté, acte transcrit par Mu'âwiyah (cf.mon al-wathâîq as-Siyâsiyah, n°222). Nous savons que Mu'âwiyah embrassa la foi en l'an 8 H; après la conquête de la Mecque par le Prophète.

De loin, le cas le plus important est celui de l'Ansarite Anas ibn Mâlik. Quand le Saint Prophète émigra à Médine, Anas n'était qu'un garçon de 10 ans qui cependant savait lire et écrire. Ses parents, dans l'intensité de leur dévouement lui ordonnèrent de servir comme page auprès du Saint Prophète. Anas restait auprès de lui nuit et jour, il ne laissa la maison que dix ans plus tard, à la mort du Saint Prophète. Anas survécut longtemps, jusqu'en 91 H/709. Il est aisé de comprendre qu'Anas eut amplement l'occasion de noter les actions du Prophète et d'entendre ses paroles alors que nulle autre personne ne pouvait avoir les mêmes facilités. Ad-Dârimi(96) raconte qu'Anas, plus tard ne cessait de conseiller à ses enfants: ô mes enfants, prenez par écrit cette science (c'est à dire le hadith) » «Ad-Dârimi(97) relate aussi une circonstance où le narrateur dit: «J'ai vu Abân (un jour assis avec Anas et écrivant le hadith.» Il est tout naturel que les descendants d'Anas comme ses disciples se soient mis aussi à la rédaction du hadith après qu'ils aient dû témoigner de l'activité d'Anas, dépassant tout autre dans la codification de traditions. Tout un groupe de spécialistes du hadith (98) ont raconté - certains en se plaçant sous l'autorité

Le Prophète avait un autre esclave affranchi, Rafi. Il est possible qu'il y ait parfois confusion entre les deux (Ràfi et Abu-Râfi') ce qui expliquerait les désaccords entre ce que relatent nos sources (émigration à Médine avec le Prophète et cependant arrivée plus tardivement à Médine comme envoyé par les païens par exemple). On peut toutefois suggérer que la mission diplomatique (de Ràfi ou d'Abû Râfi') ait pu se rapporter à la rançon des prisonniers de la bataille de Badr en l'an 2 H, ou, un peu plus tôt, à la rançon des prisonniers de Nakhlah (cf. Ibn Hishâm, P. 426) mais ces problèmes ne nous retiendront pas plus longtemps.

(96) Sunan de Dârimi, h.43 (man rakhkhasa fi kîtâbat al-'ilm) ; ar-Râmhurmur § 325: al-Khatîb al-Baghdâdî, Taqyîd al-'ilm, p. 96-97: Ibn 'Abd al-Barr, jami bayân al-'ilm, p. 73; Sahîh de Muslim, dans le commentaire de Nawwi, I,244;
Haithamî, Majma az-zawâ 'id, I, 162.

(97) ibid

(98' Ar-Ramhurinuzi, al-Muhaddith al-Fâsil (éd. Beyrouth n0 3 25), ch. al-Kitàb ; Khatib al-Baghdâdi. Taqyid al-'Ilm, p. 95-6 al-Hâkim, al-Mustadrak, cité par Manâzir Ahsan Gilâni, Tadwîn -e-Hadîth, p. 67-68.

Sa'îd ibn Hilâl, d'autres sous celle de Hubaira'h' ibn 'Abdar-Rahmân, - le fait suivant:

Quand nous insistions beaucoup aktharnâ) - et, dans une autre version: quand nous étions nombreux (kathurnâ) - Anas sortait des cahiers (majâll ou sikâk selon les versions) et disait: «Voici les traditions que j'ai entendues du Saint Prophète et que j'ai soumises à sa lecture.» ( On peut noter qu'Anas non seulement avait l'habitude de mettre par écrit ce qu'il voyait ou entendait du Saint Prophète mais encore soumettait ses notes au Prophète pour leur vérification et, si nécessaire, leur correction .

§ 54 Ce sont là seulement quelques exemples qui montrent comment le hadith a été composé du vivant même du Saint Prophète. Après la mort du Prophète, le travail de mise par écrit du hadith s'est multiplié parmi les Compagnons à un degré sans cesse croissant pour diverses raison. Certains faits, en rapport avec cet aspect (de la question, sont mentionnés ci-après.

 

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